久久国产成人av_抖音国产毛片_a片网站免费观看_A片无码播放手机在线观看,色五月在线观看,亚洲精品m在线观看,女人自慰的免费网址,悠悠在线观看精品视频,一级日本片免费的,亚洲精品久,国产精品成人久久久久久久

分享

艾青翻譯維爾哈倫的詩(shī)歌《城市》是生澀的

 洋州客 2014-03-25

La Ville

城市

城市

Les campagnes hallucinées

鄉(xiāng)村的幻境

 

émile Verhaeren

彭建華整理

艾青譯

Tous les chemins vont vers la ville.

一切的路都朝向城市去,。

一切的路都朝向城市去,。

 

 

 

Du fond des brumes,

從濃霧的深處,,

從濃霧的深處,,

Avec tous ses étages en voyage

那邊,帶著它所有的層次

那邊,,帶著它所有的層次

Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,

和它所有的大的梯級(jí),, 和一直到天上的 層次與梯級(jí)的運(yùn)轉(zhuǎn),

和它所有的大的梯級(jí)

Comme d'un rêve, elle s'exhume.

朝向最高的層次,, 它夢(mèng)似地出現(xiàn)著 ,。

和一直到天上的

 

 

層次與梯級(jí)的運(yùn)轉(zhuǎn),朝向最高的層次,

 

 

它夢(mèng)似地出現(xiàn)著。

 

 

 

Là-bas,

那邊,,

那邊,

Ce sont des ponts musclés de fer,

是些跳躍的,,憑空跨過(guò)的

是些跳躍的,憑空跨過(guò)的

Lancés, par bonds, à travers l'air ;

 鐵骨編成的橋梁,;

鐵骨編成的橋梁,;

Ce sont des blocs et des colonnes

是些為神怪的雕像所制御著的

是些為神怪的雕像所制御著的

Que décorent Sphinx et Gorgones ;

堆壘和圓柱,

堆壘和圓柱,,

Ce sont des tours sur des faubourgs ;

是些郊外的鐘樓,;

是些郊外的鐘樓,

Ce sont des millions de toits

是些屋頂與屋頂?shù)募饨?/span>--

是些屋頂與屋頂?shù)募饨?/span>--

Dressant au ciel leurs angles droits :

象是止住了的飛翔,,在房屋之上,,

象是止住了的飛翔,,在房屋之上,,

C'est la ville tentaculaire,

這是感觸底的城市,

這是感觸底的城市,,

Debout,

站著在

站著在

Au bout des plaines et des domaines.

土地與原野的邊際,。

土地與原野的邊際。

 

 

 

Des clartés rouges

赤紅的光

赤紅的光

Qui bougent

煽動(dòng)在

煽動(dòng)在

Sur des poteaux et des grands mats,

電桿和支柱之上,,

電桿和支柱之上,,

Même à midi, br?lent encor

就在午時(shí),依然

就在午時(shí),,依然

Comme des oeufs de pourpre et d'or ;

象金色的可怕的雞蛋般燃灼著,,

象金色的可怕的雞蛋般燃灼著,,

Le haut soleil ne se voit pas :

輝耀的太陽(yáng)瞧不見了

輝耀的太陽(yáng)瞧不見了:

Bouche de lumière, fermée

那發(fā)光的嘴,已被

那發(fā)光的嘴,,已被

Par le charbon et la fumée.

煤灰和黑煙蒙住,。

煤灰和黑煙蒙住。

 

 

 

Un fleuve de naphte et de poix

一道瀝青與石油的河流

一道瀝青與石油的河流

Bat les m?les de pierre et les pontons de bois ;

沖擊著木的浮橋和石的長(zhǎng)堤,;

沖擊著木的浮橋和石的長(zhǎng)堤,;

Les sifflets crus des navires qui passent

放肆的汽笛,從駛過(guò)的船只上

放肆的汽笛,,從駛過(guò)的船只上

Hurlent de peur dans le brouillard ;

在濃霧里叫出了恐怖

在濃霧里叫出了恐怖:

Un fanal vert est leur regard

一盞綠色的警燈是它們的

一盞綠色的警燈

Vers l'océan et les espaces.

朝向海洋與空闊的瞻望,。

是它們的

 

 

朝向海洋與空闊的瞻望。

 

 

 

Des quais sonnent aux chocs de lourds fourgons ;

那些碼頭在沉重的榻車的沖擊里鳴響著,,

那些碼頭在沉重的榻車的沖擊里鳴響著,,

Des tombereaux grincent comme des gonds ;

那些重載的車輛門鈕似地軋轢著

那些重載的車輛門鈕似地軋轢著

Des balances de fer font choir des cubes d'ombre

那些鐵的秤機(jī)墮下了黑暗的立體

那些鐵的秤機(jī)墮下了黑暗的立體

Et les glissent soudain en des sous-sols de feu ;

又把它們滑進(jìn)了燃火的地窯,;

又把它們滑進(jìn)了燃火的地窯,;

Des ponts s'ouvrant par le milieu,

那些橋梁從中間打開著

那些橋梁從中間打開著,,

Entre les mats touffus dressent des gibets sombres

在那些豎立著灰暗的十字架的繁雜的支柱

在那些豎立著灰暗的十字架的繁雜的支柱

Et des lettres de cuivre inscrivent l'univers,

和那些記錄著萬(wàn)物的銅字之間,,

和那些記錄著萬(wàn)物的銅字之間,

Immensément, par à travers

無(wú)邊際地,,跨越著

無(wú)邊際地,,跨越著

Les toits, les corniches et les murailles,

成千的屋頂,成千的檐角,,成千的墻垣,,

成千的屋頂,成千的檐角,,成千的墻垣,,

Face à face, comme en bataille.

相對(duì)著,象在斗爭(zhēng)似的,。

相對(duì)著,,象在斗爭(zhēng)似的。

 

 

 

Et tout là-bas, passent chevaux et roues,

在它的上面,,馬車過(guò)去,,車輪閃著

在它的上面,,馬車過(guò)去,,車輪閃著,

Filent les trains, vole l'effort,

列車在馳,,急疾地飛過(guò),,

列車在馳,,急疾地飛過(guò),

Jusqu'aux gares, dressant, telles des proues

一直到車站,,停著成千,,

一直到車站,停著成千

Immobiles, de mille en mille, un fronton d'or.

不動(dòng)的機(jī)頭,,象一個(gè)金色輝煌的殿額,。

不動(dòng)的機(jī)頭,象一個(gè)金色輝煌的殿額,。

Des rails ramifiés y descendent sous terre

那些錯(cuò)雜的鐵軌

那些錯(cuò)雜的鐵軌

Comme en des puits et des cratères

向隧道和噴煙的洞穴爬到地底去--

向隧道和噴煙的洞穴爬到地底去--

Pour repara?tre au loin en réseaux clairs d'éclairs

為的再出現(xiàn)在喧囂與塵埃里的

為的再出現(xiàn)在喧囂與塵埃里的

Dans le vacarme et la poussière.

明亮而閃光的鐵路網(wǎng)上,。

明亮而閃光的鐵路網(wǎng)上。

C'est la ville tentaculaire.

這是感觸底的城市,。

這是感觸底的城市,。

 

 

 

La rue - et ses remous comme des cables

街道--和它那些象被電線

街道--和它那些象被電線

Noués autour des monuments -

結(jié)住在紀(jì)念碑四周的激浪--

結(jié)住在紀(jì)念碑四周的激浪--

Fuit et revient en longs enlacements ;

長(zhǎng)長(zhǎng)地交織地消逝著,出現(xiàn)著,;

長(zhǎng)長(zhǎng)地交織地消逝著,,出現(xiàn)著;

Et ses foules inextricables,

而它的那不可計(jì)數(shù)的群眾

而它的那不可計(jì)數(shù)的群眾

Les mains folles, les pas fiévreux,

--狂亂的手,,激動(dòng)的步伐呀---

--狂亂的手,,激動(dòng)的步伐呀---

La haine aux yeux,

眼里儲(chǔ)滿著憎惡

眼里儲(chǔ)滿著憎惡,,

Happent des dents le temps qui les devance.

用牙齒在攫取那越過(guò)他們的時(shí)刻,。

用牙齒在攫取那越過(guò)他們的時(shí)刻。

A l'aube, au soir, la nuit,

在黎明,,在黃昏,,夜間

在黎明,,在黃昏,,夜間,

Dans la hate, le tumulte, le bruit,

在哄亂與爭(zhēng)吵里,,或是在煩憂里,,

在哄亂與爭(zhēng)吵里,或是在煩憂里,,

Elles jettent vers le hasard l'apre semence

他們朝向命運(yùn),,擲出

他們朝向命運(yùn),,擲出

De leur labeur que l'heure emporte.

那時(shí)間所帶來(lái)的他們的勞作之辛酸的種子,。

那時(shí)間所帶來(lái)的他們的勞作之辛酸的種子。

Et les comptoirs mornes et noirs

而那些陰暗的憂郁的柜臺(tái)

而那些陰暗的憂郁的柜臺(tái)

Et les bureaux louches et faux

那些虛偽的不正的賬房

那些虛偽的不正的賬房

Et les banques battent des portes

那些打動(dòng)著門的銀行

那些打動(dòng)著門的銀行

Aux coups de vent de la démence.

就在他們的狂亂之風(fēng)的吹打里,。

就在他們的狂亂之風(fēng)的吹打里,。

 

 

 

Le long du fleuve, une lumière ouatée,

外面,,如燒著的敝衣

外面,,如燒著的敝衣,,

Trouble et lourde, comme un haillon qui br?le,

一種混濁而赤紅的光

一種混濁而赤紅的光

De réverbère en réverbère se recule.

閃閃反射地滯留著

閃閃反射地滯留著,。

La vie avec des flots d'alcool est fermentée.

生活啊,,已同著酒精的波濤發(fā)酵了

生活啊,,已同著酒精的波濤發(fā)酵了,。

Les bars ouvrent sur les trottoirs

那些小酒店在人行道旁打開著

那些小酒店在人行道旁打開著

Leurs tabernacles de miroirs

它們的那些鏡龕

它們的那些鏡龕

Où se mirent l'ivresse et la bataille ;

映照著酩酊與爭(zhēng)斗

映照著酩酊與爭(zhēng)斗,;

Une aveugle s'appuie à la muraille

一個(gè)盲女靠著墻

一個(gè)盲女靠著墻

Et vend de la lumière, en des bo?tes d'un sou ;

賣著五個(gè)生丁一盒的光明,;

賣著五個(gè)生丁一盒的光明,

La débauche et le vol s'accouplent en leur trou ;

饕餮與饑餓在它們的巢穴里交合著,,

饕餮與饑餓在它們的巢穴里交合著,,

 

 

而肉欲的苦悶之黑暗的突擊

 

 

在那些小弄里激越地跳踏著。

 

 

而色欲依然不絕地高漲著

 

 

而熱狂呀變成騷動(dòng)了:

 

 

人在磷光與金色的歡樂之搜求里

 

 

不相容地軋碎了,;

 

 

女人們--蒼白的寵婦呀

 

 

前進(jìn)著,,同著她們的頭發(fā)之性的標(biāo)記。

La brume immense et rousse

暗赭的煤色的大氣呀

暗赭的煤色的大氣呀

Parfois jusqu'à la mer recule et se retrousse

常常遠(yuǎn)著陽(yáng)光伸向海,,又撩起

常常遠(yuǎn)著陽(yáng)光伸向海,,又撩起

Et c'est alors comme un grand cri jeté

于是象是從整個(gè)的哄亂

于是象是從整個(gè)的哄亂

Vers le soleil et sa clarté :

朝向光明擲去的巨大的叫喊

朝向光明擲去的巨大的叫喊:

Places, bazars, gares, marchés,

廣場(chǎng)呀,,旅館呀,,商鋪呀,市場(chǎng)呀,,

廣場(chǎng)呀,,旅館呀,商鋪呀,,市場(chǎng)呀,,

Exaspèrent si fort leur vaste turbulence

這般強(qiáng)烈地叫囂著激動(dòng)著暴力

這般強(qiáng)烈地叫囂著激動(dòng)著暴力

Que les mourants cherchent en vain le moment de silence

--而垂死者們 卻徒勞地在尋找著

--而垂死者們

Qu'il faut aux yeux pour se fermer.

應(yīng)該暝目的靜寂的時(shí)刻。

卻徒勞地在尋找著

 

 

應(yīng)該暝目的靜寂的時(shí)刻,。

 

 

 

Telle, le jour - pourtant, lorsque les soirs

這般的白日--同樣,,當(dāng)著夜

這般的白日--同樣,當(dāng)著夜

Sculptent le firmament, de leurs marteaux d'ébène,

用它的深黑的錘,,刻劃著蒼穹,,

用它的深黑的錘,刻劃著蒼穹,

La ville au loin s'étale et domine la plaine

城市在遠(yuǎn)處展開著而且制伏了原野

城市在遠(yuǎn)處展開著而且制伏了原野

Comme un nocturne et colossal espoir ;

有如一個(gè)深邃而又廣闊的希冀,;

有如一個(gè)深邃而又廣闊的希冀,;

Elle surgit : désir, splendeur, hantise ;

它發(fā)長(zhǎng)著:祈愿,榮華,,煩愁,,

它發(fā)長(zhǎng)著:祈愿,榮華,,煩愁,,

Sa clarté se projette en lueurs jusqu'aux cieux,

它的光輝一直向天上升引出余力,

它的光輝一直向天上升引出余力,,

Son gaz myriadaire en buissons d'or s'attise,

它的金色叢簇的煤氣燈光閃射著,,

它的金色叢簇的煤氣燈光閃射著,

Ses rails sont des chemins audacieux

它的鐵軌是些

它的鐵軌是些

Vers le bonheur fallacieux

幸運(yùn)與權(quán)力相伴著

幸運(yùn)與權(quán)力相伴著

Que la fortune et la force accompagnent ;

朝向偽詐的幸福的大膽的道路,;

朝向偽詐的幸福的大膽的道路,;

Ses murs se dessinent pareils à une armée

它的那些墻壁象軍隊(duì)似地接連著

它的那些墻壁象軍隊(duì)似地接連著

Et ce qui vient d'elle encor de brume et de fumée

而從它那里還有迷霧濃煙

而從它那里還有迷霧濃煙

Arrive en appels clairs vers les campagnes.

帶著嘹亮的叫喊到達(dá)這些村野里來(lái)了。

帶著嘹亮的叫喊到達(dá)這些村野里來(lái)了,。

 

 

 

C'est la ville tentaculaire,

這是感觸底的城市啊,,

這是感觸底的城市啊,

La pieuvre ardente et l'ossuaire

熱烈的虔誠(chéng)

熱烈的虔誠(chéng)

Et la carcasse solennelle.

和莊嚴(yán)的骸骨與骷髏啊,。

和莊嚴(yán)的骸骨與骷髏啊,。

 

 

 

Et les chemins d'ici s'en vont à l'infini

而無(wú)數(shù)的道路從這里到無(wú)限地

而無(wú)數(shù)的道路從這里到無(wú)限地

Vers elle.

朝向它去。

朝向它去,。




émile VERHAEREN

Les campagnes hallucinées

La ville

Tous les chemins vont vers la ville.

Du fond des brumes, 
Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages, 
Comme d'un rêve, elle s'exhume.

Là-bas, 
Ce sont des ponts musclés de fer, 
Lancés, par bonds, à travers l'air ; 
Ce sont des blocs et des colonnes
Que décorent Sphinx et Gorgones ;
Ce sont des tours sur des faubourgs ; 
Ce sont des millions de toits 
Dressant au ciel leurs angles droits :
C'est la ville tentaculaire, 
Debout, 
Au bout des plaines et des domaines.

Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands mats, 
Même à midi, br?lent encor 
Comme des oeufs de pourpre et d'or ; 
Le haut soleil ne se voit pas : 
Bouche de lumière, fermée 
Par le charbon et la fumée.

Un fleuve de naphte et de poix
Bat les m?les de pierre et les pontons de bois ;
Les sifflets crus des navires qui passent 
Hurlent de peur dans le brouillard ; 
Un fanal vert est leur regard 
Vers l'océan et les espaces.

Des quais sonnent aux chocs de lourds fourgons ; 
Des tombereaux grincent comme des gonds ; 
Des balances de fer font choir des cubes d'ombre 
Et les glissent soudain en des sous-sols de feu ;
Des ponts s'ouvrant par le milieu, 
Entre les mats touffus dressent des gibets sombres 
Et des lettres de cuivre inscrivent l'univers,
Immensément, par à travers 
Les toits, les corniches et les murailles, 
Face à face, comme en bataille.

Et tout là-bas, passent chevaux et roues, 
Filent les trains, vole l'effort, 
Jusqu'aux gares, dressant, telles des proues
Immobiles, de mille en mille, un fronton d'or. 
Des rails ramifiés y descendent sous terre 
Comme en des puits et des cratères 
Pour repara?tre au loin en réseaux clairs d'éclairs 
Dans le vacarme et la poussière. 
C'est la ville tentaculaire.

La rue - et ses remous comme des cables 
Noués autour des monuments -
Fuit et revient en longs enlacements ;
Et ses foules inextricables, 
Les mains folles, les pas fiévreux, 
La haine aux yeux, 
Happent des dents le temps qui les devance. 
A l'aube, au soir, la nuit, 
Dans la hate, le tumulte, le bruit, 
Elles jettent vers le hasard l'apre semence 
De leur labeur que l'heure emporte. 
Et les comptoirs mornes et noirs 
Et les bureaux louches et faux 
Et les banques battent des portes 
Aux coups de vent de la démence.

Le long du fleuve, une lumière ouatée,
Trouble et lourde, comme un haillon qui br?le,
De réverbère en réverbère se recule.
La vie avec des flots d'alcool est fermentée.
Les bars ouvrent sur les trottoirs
Leurs tabernacles de miroirs
Où se mirent l'ivresse et la bataille ;
Une aveugle s'appuie à la muraille
Et vend de la lumière, en des bo?tes d'un sou ;
La débauche et le vol s'accouplent en leur trou ;
La brume immense et rousse
Parfois jusqu'à la mer recule et se retrousse
Et c'est alors comme un grand cri jeté
Vers le soleil et sa clarté :
Places, bazars, gares, marchés,
Exaspèrent si fort leur vaste turbulence
Que les mourants cherchent en vain le moment de silence
Qu'il faut aux yeux pour se fermer.

Telle, le jour - pourtant, lorsque les soirs
Sculptent le firmament, de leurs marteaux d'ébène, 
La ville au loin s'étale et domine la plaine 
Comme un nocturne et colossal espoir ; 
Elle surgit : désir, splendeur, hantise ; 
Sa clarté se projette en lueurs jusqu'aux cieux,
Son gaz myriadaire en buissons d'or s'attise,
Ses rails sont des chemins audacieux 
Vers le bonheur fallacieux 
Que la fortune et la force accompagnent ; 
Ses murs se dessinent pareils à une armée 
Et ce qui vient d'elle encor de brume et de fumée 
Arrive en appels clairs vers les campagnes.

C'est la ville tentaculaire, 
La pieuvre ardente et l'ossuaire 
Et la carcasse solennelle.

Et les chemins d'ici s'en vont à l'infini 
Vers elle.



émile VERHAEREN (1855-1916)

Recueil : Les visages de la vie

La foule

En ces villes d'ombre et d'ébène 
D'où s'élèvent des feux prodigieux ; 
En ces villes, où se démènent, 
Avec leurs chants, leurs cris et leurs blasphèmes, 
A grande houle, les foules ; 
En ces villes soudain terrifiées 
De révolte sanglante et de nocturne effroi, 
Je sens bondir et s'exalter en moi 
Et s'épandre, soudain, mon coeur multiplié. 
La fièvre, avec de frémissantes mains, 
La fièvre au cours de la folie et de la haine 
M'entra?ne 
Et me roule, comme un caillou, par les chemins. 
Tout calcul tombe et se supprime, 
Le coeur s'élance ou vers la gloire ou vers le crime ; 
Et tout à coup je m'apparais celui 
Qui s'est, hors de soi-même, enfui 
Vers le sauvage appel des forces unanimes.
Soit rage, ou bien amour, ou bien démence, 
Tout passe en vol de foudre, au fond des consciences ; 
Tout se devine, avant qu'on ait senti 
Le clou d'un but certain entrer dans son esprit.

Des gens hagards courent avec des torches, 
Une rumeur de mer s'engouffre, au fond des porches, 
Murs, enseignes, maisons, palais et gares, 
Dans le soir fou, devant mes yeux, s'effarent ; 
Sur les places, les poteaux d'or de la lumière 
Tendent, vers les cieux noirs, des feux qui s'exaspèrent ;
Un cadran luit, couleur de sang, au front de tours ; 
Qu'un tribun parle, au coin d'un carrefour, 
Avant que l'on saisisse un sens dans ses paroles, 
Déjà l'on sait son geste - et c'est avec fureur 
Qu'on outrage le front lauré d'un empereur 
Et qu'on brise l'autel d'où s'impose l'idole.

La nuit est fourmillante et terrible de bruit ; 
Une électrique ardeur br?le dans l'atmosphère ; 
Les coeurs sont à prendre ; l'ame se serre 
En une angoisse énorme et se délivre en cris ; 
On sent qu'un même instant est ma?tre 
D'épanouir ou d'écraser ce qui va na?tre ; 
Le peuple est à celui que le destin 
Dota d'assez puissantes mains 
Pour manceuvrer la foudre et les tonnerres 
Et dévoiler, parmi tant de lueurs contraires, 
L'astre nouveau que chaque ère nouvelle 
Choisit pour aimanter la vie universelle.

Oh ! dis, sens-tu qu'elle est belle et profonde, 
Mon coeur, 
Cette heure 
Qui sonne et chante au coeur du monde ?
Que t'importent et les vieilles sagesses 
Et les soleils couchants des dogmes sur la mer 
Voici l'heure qui bout de sang et de jeunesse, 
Voici la violente et merveilleuse ivresse 
D'un vin si fort que rien n'y semble amer. 
Un vaste espoir, venu de l'inconnu, déplace 
L'équilibre ancien dont les ames sont lasses ;
La nature para?t sculpter 
Un visage nouveau à son éternité ; 
Tout bouge - et l'on dirait les horizons en marche. 
Les ponts, les tours, les arches 
Tremblent, au fond du sol profond. 
La multitude et ses brusques poussées 
Semblent faire éclater les villes oppressées, 
Le temps est là des débacles et des miracles 
Et des gestes d'éclair et d'or, 
Là-bas, au loin, sur les Thabors.

Comme une vague en des fleuves perdue, 
Comme une aile effacée au fond de l'étendue, 
Engouffre-toi, 
Mon coeur, en ces foules battant les capitales 
De leurs. fureurs et de leurs rages triomphales ; 
Vois s'irriter et s'exalter 
Chaque clameur, chaque folie et chaque effroi ; 
Fais un faisceau de ces milliers de fibres, 
Muscles tendus et nerfs qui vibrent ; 
Aimante et réunis tous ces courants 
Et prends 
Si large part à ces brusques métamorphoses 
D'hommes et de choses, 
Que tu sentes l'obscure et formidable loi 
Qui les domine et les opprime 
Soudainement, à coups d'éclairs, s'inscrire en toi.
Mets en accord ta vie avec les destinées
Que la foule, sans le savoir, 
Promulgue, en cette nuit d'angoisse illuminée. 
Ce que sera demain, le droit on le devoir, 
Seule, elle en a l'instinct profond ; 
Et l'univers total travaille et collabore, 
Avec des milliers de causes qu'on ignore, 
A chaque effort vers le futur qu'elle élabore, 
Rouge et tragique, à l'horizon. 
Oh ! l'avenir, comme on l'écoute 
Crever le sol, casser les vo?tes, 
En ces villes d'ébène et d'or, où l'incendie 
R?de comme un lion dont les crins s'irradient ; 
Minute unique, où les siècles tressaillent ; 
Noeud que les victoires dénouent dans les batailles ;
Grande heure, où les aspects du monde changent, 
Où ce qui fut juste et sacré para?t étrange, 
Où l'on monte vers les sommets d'une autre foi, 
Où la foule ma?tresse enfin de sa colère, 
Comptant et recomptant ses longs maux séculaires 
Sur le bloc de sa force érige un nouveau droit. 
En ces villes soudain terrifiées 
De fête rouge et de nocturne effroi, 
Pour te grandir et te magnifier, 
Mon ame, enferme-toi.

    本站是提供個(gè)人知識(shí)管理的網(wǎng)絡(luò)存儲(chǔ)空間,,所有內(nèi)容均由用戶發(fā)布,不代表本站觀點(diǎn),。請(qǐng)注意甄別內(nèi)容中的聯(lián)系方式,、誘導(dǎo)購(gòu)買等信息,謹(jǐn)防詐騙,。如發(fā)現(xiàn)有害或侵權(quán)內(nèi)容,,請(qǐng)點(diǎn)擊一鍵舉報(bào)。
    轉(zhuǎn)藏 分享 獻(xiàn)花(0

    0條評(píng)論

    發(fā)表

    請(qǐng)遵守用戶 評(píng)論公約

    類似文章 更多